Elle est entourée de fleurs tropicales et d’une végétation luxuriante. Perdue dans ses pensées, la jeune femme lit un livre. The Conservatory de Frances Bannerman a près de 150 ans. Tout comme Paul Cézanne, Jane Maria Bowkett et bien d’autres artistes, Bannerman a choisi une véranda comme décor pour sa peinture – et lui a ainsi insufflé vie. Déjà à l’époque, les vérandas étaient des lieux prisés pour des rencontres romantiques, des moments conviviaux entre amis ou pour s’y retirer seul(e) en toute tranquillité.

Et ils sont – et étaient – bien plus que cela : à l’époque victorienne, les Anglais découvrirent le pouvoir guérisseur de la lumière du jour, associé à une végétation luxuriante. C’est ainsi qu’ils commencèrent à transformer leurs orangeries et serres en véritables espaces de vie – la véranda était née. Y passer du temps permettait de faire le plein de lumière même durant les mois d’hiver froids et gris, et de retrouver de l’énergie. Une toute nouvelle façon de vivre voyait le jour.

Aujourd’hui, plus de 150 ans plus tard, les bienfaits des vérandas sur la santé sont également prouvés sur le plan médical : depuis les années 1980, le manque de lumière est reconnu comme une cause de la dépression hivernale. Même sans être sujet à une véritable dépression, on peut souffrir en hiver de baisses de moral, de fatigue, de pertes d’énergie ou de fringales.

La faute de la misère hivernale revient à une dose de lumière trop faible, que l’on reçoit normalement. En effet, la glande pinéale sécrète de la mélatonine, une hormone favorisant le sommeil, lorsqu’il fait sombre. En présence de lumière, le corps dégrade cette hormone, se réveille et retrouve de l’énergie. S’il manque de lumière, le taux de mélatonine reste élevé toute la journée, et l’humeur chute progressivement jusqu’à disparaître. Des études ont également montré qu’en hiver, la sécrétion nocturne de mélatonine dure environ une demi-heure de plus qu’en été. En hiver, la mélatonine se dégrade donc moins bien – le corps en produit même davantage.

En raison du faible ensoleillement, le corps produit également moins de sérotonine, une hormone ayant un effet antidépresseur. La production de sérotonine peut être stimulée par certains aliments comme les bananes ou le chocolat. C’est pourquoi nous avons souvent des fringales de sucré pendant la saison sombre – avec une prise de poids associée, souvent non désirée.

Il n’y a qu’un seul moyen de sortir de la dépression hivernale : suffisamment de lumière. Et pour cela, il faut de la lumière du jour. Car même par temps couvert, la lumière extérieure est environ sept fois plus intense que celle d’un bureau – et jusqu’à 70 fois plus forte que celle d’un salon.

Qui profite de 30 minutes de lumière du jour chaque jour en hiver prévient les baisses de moral et redonne de l’énergie à son corps. Les personnes sujettes à la dépression saisonnière ont besoin du double – surtout par temps couvert. En cas de soleil, ce temps peut être considérablement réduit.

Aujourd’hui, de nombreuses études confirment qu’une luminothérapie aide environ 80 % des patient(e)s souffrant de dépression saisonnière. Elle est donc considérée comme le traitement de première intention. Et ce n’est pas tout : les médecins recommandent également aux personnes en bonne santé de veiller à une exposition quotidienne suffisante à la lumière.

Intégrer cette dose quotidienne de lumière dans la routine est rarement aussi simple et agréable qu’avec une véranda. Les centres de soins contre le burnout, les cliniques psychiatriques et les établissements médico-sociaux l’ont bien compris. De plus en plus d’entre eux misent sur le pouvoir curatif de la lumière naturelle et agrandissent leurs bâtiments avec une véranda. C’est le cas par exemple de l’EMS de Kirchdorf. Orientée plein sud, sa véranda offre une vue imprenable sur le panorama des Alpes bernoises ainsi que sur les champs et prairies environnants.

«La véranda est l’endroit le plus apprécié de la maison», confirme Sonja Loosli Häner, directrice de l’établissement. C’est ici que les résidentes et résidents se retrouvent pour des activités de groupe, pour discuter ou tout simplement pour profiter de la vue et se détendre. La véranda est également accessible en fauteuil roulant, ce qui permet aux personnes en situation de handicap de profiter de la lumière et de la nature en toute autonomie.

«Et ce n’est pas seulement en hiver que la véranda est notre lieu de rencontre central», explique Sonja Loosli. Elle permet aux résidentes et résidents de faire le plein de lumière, quelle que soit la météo. Et ce n’est pas tout : «Nos deux chats vivent dans la véranda et y créent une ambiance vivante et chaleureuse.»

Le mélange sain de lumière, de nature et de convivialité fait de la véranda bien plus qu’un simple espace de vie ou un havre de bien-être. Elle remplit aussi une fonction thérapeutique.

Ainsi, la véranda contribue activement à la santé des résidents et renforce les liens sociaux au sein de la communauté.

Le fait de se retrouver et d’échanger au quotidien est particulièrement important dans les centres de soins, les hôpitaux et les établissements médico-sociaux. Même si ces interactions sont essentielles pour la santé physique et psychique, il n’est pas toujours facile pour tous les résidents d’aller spontanément vers les autres. Il est donc d’autant plus important de créer un lieu qui, par sa seule atmosphère, invite à s’y attarder. Ainsi, les échanges se créent naturellement – tout simplement parce que l’on aime être dans la véranda et y savourer l’ambiance.

La lumière naturelle présente dans une véranda offre un autre avantage précieux : les personnes âgées peuvent y lire bien plus facilement et confortablement qu’à la lumière artificielle. Comme elles aiment souvent lire longuement et fréquemment, une véranda améliore considérablement leur qualité de vie.

Même dans le domaine privé, une véranda séduit non seulement par son atmosphère de vie unique, mais elle contribue aussi à la vitalité et au bien-être des habitants de la maison. Un séjour quotidien dans la véranda renforce la santé du corps, de l’esprit et de l’âme, tout en réduisant les effets du stress et le risque de burnout qui en découle.

Par ailleurs, une étude de la NASA arrive à une conclusion claire : ce n’est pas seulement la lumière, mais aussi les plantes présentes dans la véranda qui ont un effet bénéfique sur la santé. L’étude « NASA Clean Air Study » a démontré que les plantes d’intérieur permettent non seulement de maintenir un niveau élevé d’oxygène dans l’air, mais aussi d’en éliminer certaines substances toxiques.

Le palmier d’Areca, par exemple, purifie l’air en éliminant des substances chimiques toxiques telles que le formaldéhyde. Ce composé peut s’échapper des meubles en bois collé et provoquer des maux de tête, des vertiges ou des troubles respiratoires. Le parfum de la menthe poivrée améliore quant à lui les capacités de mémoire, la mélisse stimule la production de noradrénaline – une hormone aux effets antalgiques – et le parfum du gardénia blanc aurait un effet antidépresseur.

Les experts de la NASA recommandent également le lierre : cette plante robuste absorbe les composés organiques volatils ainsi que d’autres substances nocives, contribuant ainsi à purifier l’air. Les vérandas offrent donc une véritable bouffée d’air frais, notamment les jours où la concentration de particules fines dans l’air est élevée.

La véranda ne favorise donc pas uniquement la détente et la convivialité – elle contribue aussi au bien-être physique. Une combinaison idéale pour prévenir la dépression saisonnière ou le stress chronique.